S’organiser pour gagner du temps pendant la distribution des médicaments
Qu’on soit étudiant, diplômé novice ou expérimenté, pas toujours facile de s’organiser pour gagner en rapidité quand on distribue les traitements. Entre sonnettes répétées, imprévus, visite des médecins ou entrées/sorties de patients, il y a de quoi s’arracher les cheveux et l’envie de donner son chariot aux patients pour qu’ils se servent comme dans les rayons des pharmacies est forte! Mais comme c’est interdit pour des questions de sécurité blablabla…il faut trouver d’autres solutions.
Ben quoi, c’était juste une idée…
Et ça tombe bien, j’en ai justement quelques unes pour vous!
Voici quelques astuces que j’ai observées et expérimentées pour la plupart, qui permettent de gagner du temps pendant la distribution des traitements.
L’organisation est la base de la rapidité. Meme si pendant longtemps cette phrase me faisait grimacer et soupirer car ce n’était pas mon truc, je dois avouer que mes formateurs et encadrants infirmiers avaient raison!
- Pour vous organiser vous pouvez demander gentiment a l’aide soignante (si ce n’est pas habituel dans ce service) de prendre les constantes pour vous et les noter sur un papier qu’elle pose sur la table du patient. Cette technique est remarquablement efficace mais pas toujours bien appréciée par les AS. Au pire elle vous dira ”non” et vous devrez essayer la technique suivante. Essayez d’aborder le sujet quand même, ça ne coûte rien!
- Prendre toutes les constants d’un coup (y compris la glycémie) avant de distribuer les médicaments. Si vraiment vous avez beaucoup de traitements à distribuer, vous pouvez commencer par les constantes qui, je le rappelle sont nécessaires pour la distribution des médicaments. NE FAITES JAMAIS L’INVERSE! Vous pouvez toujours avoir des surprises, même avec un patient qui n’a jamais eu de problème de tension ou autre, assurez vous d’avoir toutes ses constantes avant qu’il avale ses médicaments per os, surtout s’ils comporte un traitement anti-hypertenseur. Exception avec les antalgiques non morphiniques (donc palier I et II comme le Dafalgan, tramadol, anti- inflammatoires…) si le patient est en souffrance a ce moment la, vous pouvez lui donner. Mais s’il s’agit de morphiniques, vous aurez besoin au minimum de sa saturation avant qu’il le/les avale. De même, vous les notez sur un papier (votre relève par exemple) pour éviter d’avoir à taper a l’ordinateur a chaque fois et les avoir sous les yeux régulièrement notamment pendant la visite/releve médicale. Et si un patient a des constants perturbées, vous lui donnez ses traitements en priorité. Cette technique n’est pas toujours idéale et sujette à débat entre infirmiers, mais personnellement elle m’a évité pas mal de soucis même si je ne l’utilise pas systématiquement (c’est toujours mieux de finir la prise en charge d’un patient jusqu’au bout évidemment, mais aux grands maux les grands remèdes). Sachez juste qu’il est possible de le faire a condition de ne pas oublier de retourner voir le patient ensuite.
- TOUJOURS aller voir les patients qui vont le plus mal en premier. Ca vous fera gagner du temps indirectement puisqu’il ”vaut mieux prévenir que guérir”, encore plus a l’hôpital! En voyant le patient avant que son état ne s’aggrave éventuellement, vous pouvez vous faire une idée de son état a votre arrivée (ne vous fiez jamais aveuglement a une relève infirmière ou médicale car il est toujours possible que l’état du patient se soit aggravé entre temps ou que votre collègue ait manqué quelque chose, ça arrive a tout le monde, même aux plus expérimentés.)
- Préparer les traitements avant de commencer le tour. Certains services s’organisent de cette façon: les traitements sont tous préparés sur une paillasse, y compris les perfusions d’antalgiques, antibiotiques avant d’aller voir les patients. Je ne suis pas fan de cette technique car pour l’avoir utilisé (en tant qu’étudiante et jeune diplômée), je sais que cela entraîne du gaspillage (si le patient refuse son antalgique par exemple) ou plus grave: le risque d’administrer un produit périmé (certains antibiotiques ont une durée de vie de 30 min une fois préparés et le tour peut durer beaucoup plus longtemps que ça! Alors imaginez si c’est le dernier patient qui en a besoin…). Cependant, cela fait gagner du temps de préparer les traitements que vous êtes sur de pouvoir administrer dans les temps. De même, si vous voulez préparer les traitements per os en avance, assurez vous de bien noter le numéro de chambre ET la position du patient dans la chambre (coté fenêtre ou porte…) SUR le traitement ou dans le récipient qui contient le traitement (pas a coté car trop gros risque de mélanger avec celui du voisin).
- Laisser dormir un patient qui n’a pas besoin de soins urgents. Ca peut paraître évident mais a l’hôpital il est facile de franchir la ligne de l’irrespect par manque de temps (ou peur de manquer de temps). Non seulement le patient appréciera et essayera de vous rendre la pareille (en regroupant ses appels ou en vous facilitant les soins par exemple), mais en plus vous pourrez vous consacrer aux autres patients sans avoir a subir sa mauvaise humeur. Personnellement je déteste être réveillée, et je ne fais pas aux autres ce que je n’aimerais pas que l’on me fasse : site interessant qui parle de ce sujet et donne des conseils pertinents pour des etudiants infirmiers.
- Laisser les patients autonomes prendre leurs traitements seuls. Evidemment, tout dépend du degrés d’autonomie du patient. Mais un patient qui parle, comprend, déglutit et peut mouvoir ses bras seul devrait, a priori, pouvoir prendre ses traitements per os sans aide (sans qu’on ait a tenir son verre, tout mettre dans sa main, vérifier qu’il avale correctement etc…). Donc vous pouvez quitter la chambre pendant qu’il les prend, après vous être assuré qu’il est bien installé, qu’il a un verre d’eau, qu’il a vu ses traitements et compris quand il doit les prendre.
” C’est l’heure de la piqûre!”
J’ai bien conscience que tous ces conseils peuvent paraître idéalistes et même compliqué a mettre en pratique pour un étudiant infirmier.
Mais laissez moi vous dire une chose: pour l’instant vous êtes étudiants donc vous n’avez pas toujours le pouvoir de décider comment gérer vos patients complètement. Par contre vous avez le pouvoir de vous exprimer avec tact en verbalisant ce qui est important pour vous et utile pour le patient. Parfois, avec l’habitude les soignants ne se rendent plus vraiment compte de comportements déplacés voire maltraitants qu’ils peuvent avoir envers certains patients. Ou encore, au moment de leur formation certains soins s’apprenaient différemment. C’est pour ça que votre avis compte. Il peut ouvrir les yeux et permettre un échange voire une remise en question de pratiques habituelles d’un service entier.
Trop souvent les étudiants ne disent rien par peur d’être mal vu et au final ce silence se retourne contre eux, pendant des analyses de pratique ou visites de formateurs par exemple.
Vous devez être acteur de votre formation et non spectateur, ce qui implique de vous poser des questions constamment sur ce qui est dans l’intérêt du patient et non ce qui est plus facile pour les soignants. Meme si la réalité nous oblige à faire des concessions.
” Quand on suit nos coeurs, quand on choisit de ne pas suivre le mouvement. C’est drôle n’est-ce pas? Un poids s’envole. Le soleil brille un peu plus. Et, pour un bref instant au moins, on trouve un peu de paix.”
Meredith Grey, personnage principal de Grey’s Anatomy
L’idéal est encore de trouver un juste équilibre entre le coeur et la raison…
A bientot pour de nouvelles aventures!
Elise
Bonjour je trouve tes articles super passionnant surtout lorsque tu raconte tes expériences personnelles (le jour où j’ai refusé d’obéir à l’interne). En septembre je rentre à l’ifsi Serait-il possible de nous montrer comment tu fais tes fiches ?
Cordialement
Bonjour, merci beaucoup, c’est encourageant pour continuer a en écrire ! Je publierai un article sur le sujet ou j’expliquerai comment je faisais mes fiches. Pour avoir une idée, je les faisais sous forme de tableau dans Word, après plusieurs essais, c’est ce qui marchait le mieux.