Une journée aux soins intensifs de chirurgie

Depuis quelques mois, je travaille aux soins intensifs de chirurgie à l’île de la Reunion.

J’ai postulé dans ce service car j’envisage de me spécialiser en tant qu’infirmière anesthésiste donc approfondir mes connaissances dans les anesthésiants et leurs surveillances, entre autre, me semblait important.

Ce poste me permet de pratiquer toutes sortes de soins que je n’avais jamais vu en service de chirurgie habituel et de prendre en charge des patients avec des pathologies vraiment très variées.

Comment se passe une journée de travail?

Je commence ma journée à 7h et je finis à 19h15 (en théorie) car je suis en 12h. Mon planning est vraiment intéressant car toutes les 6 semaines j’ai 7 jours de repos à la suite (et il m’arrive d’avoir 4 ou 5 jours d’affilée de temps en temps). Une bonne semaine pour décompresser et se reposer vraiment, émotionnellement et physiquement, de tout ce qu’on peut assimiler à l’hôpital.

Nous recevons tous les patients opérés de pathologies graves comme les cancers et/ou avec des antécédents compliquant leur rétablissement post opératoire.

Parfois il s’agit juste de surveillance d’une nuit pour la chirurgie bariatrique (sleeve, by pass,…), gynécologique (hysterectomie, césarienne compliquée à cause de saignement ou risque de saignement etc) urologique (résection de prostate/vessie) ou encore vasculaire (endarteriectomie, pontage, ATL…).

Ça peut également arriver qu’ils doivent rester plus longtemps parce qu’ils saignent, n’urinent pas suffisamment ou parce qu’ils ont des constantes anormales (bradycardie/tachycardie, hyper/hypotension, dyspnée) ou tout simplement des lavages urinaires pour évacuer le sang apres une chirurgie vésicale ou prostatique. Tout ça dépend de la décision des médecins (chirurgiens et anesthésistes) en fonction des risques qu’encours le patient s’il va dans un service habituel avec une surveillance moins rapprochée.

En effet, en soins intensifs nous devons relever les constantes, la diurèse (quantité de pipi), les quantités de liquides divers dans les drains (redons, lames etc) toutes les deux heures!

De plus, les patients sont scopés pour que nous puissions réagir rapidement en cas d’anomalies. Les plus fréquentes sont les hypertensions pour les personnes sous traitement chez elles qui doivent être à jeun en post op (chirurgies viscérales et bariatriques). On les met alors sous pousse seringue électrique (PSE) de Loxen si c’est récurrent (on peut aussi faire une titration de Loxen a 1mg/5min avant d’envisager le PSE).

Les scopes de tous les patients sont affichés sur un même écran au poste infirmier.

Il peut aussi arriver qu’un patient non opéré (de médecine donc) vienne dans notre service pour surveillance par manque de place aux soins intensifs de médecine ou par décision du médecin (parfois pour des raisons obscures mais passons…). Cest pourquoi il nous arrive souvent d’avoir des entrées imprévues et nous devons toujours garder un box de libre au cas ou une entrée ultra urgente aurait lieu (rare mais possible).

La disposition des chambres

Nous appelons les chambres des box car il n’y a pas de salle de bain individuelle et parce que les murs sont en fait des vitres qui nous permettent d’observer le patient même de loin afin d’évaluer son état clinique à tout moment. Malheureusement beaucoup de patient ne disent pas lorsqu’ils ne se sentent pas bien (pas toujours répercuté sur le scope) malgré notre insistance sur le fait qu’il faut sonner ou nous appeler en cas de problème. Ils ne comprennent pas toujours qu’ils sont aux soins intensifs pour une surveillance vraiment très rapprochée liée aux risques qu’ils encourent. Il est vrai que nous n’insistons pas là dessus pour ne pas les effrayer non plus…

Cependant, le fait de relever TOUTES les constantes toutes les 2h peut-être abrutissant, surtout lorsque le patient va bien. Nous les empêchons alors de dormir et donc de se reposer, processus important pour la guérison du soigné. Cest pourquoi il peut nous arriver de faire la surveillance plus tard pour s’adapter aux besoins du patient, également en cas de visites car elles ne peuvent avoir lieu que de 15h à 20h et je considère important qu’ils voient leur famille pour se motiver à aller mieux. En effet, un des risques est aussi le syndrome de glissement et voir des proches est le meilleur remède connu à ce jour selon moi!

Travailler aux soins intensifs nécessite également une certaine rigueur de travail que je ne connaissais pas en service de chirurgie normal. La vigilance est le mot d’ordre. Nous devons faire attention à chaque détail de chaque constante chez chaque patient, même ceux qui ont l’air d’aller très bien.

A-t-on souvent des situations d’urgence?

Un plateau d’intubation

Régulièrement, mais on peut les voir venir grâce au scope donc elles sont rarement grave. En effet, il s’agit surtout de saignements et d’hypotensions plus ou moins importants et de malaises vagaux suite a l’anesthésie (au 1er lever).

Parfois il nous arrive de devoir faire face a des situations plus grave du genre début d’infarctus, bradycardie, dyspnée importante ou même des hémorragies massives mais en restant vigilant et avec l’aide de l’anesthésiste et des collègues IDE et AS, c’est possible de gérer. A condition de savoir garder son sang froid…

Le tout est de savoir quand prévenir le médecin ou pas car parfois il s’agit d’un problème temporaire (bradycardie liée a l’anesthésie…). Ma technique est de prevenir l’anesthésiste er le chirurgien quand ils passent le matin faire la visite comme ça si le problème persiste ils sont déjà au courant et ils auront déjà commencé a réfléchir à la question. Car même si le problème semble anodin et même si je passe pour une idiote qui s’affole pour rien, il vaut mieux qu’il soit informé pour réagir plus plus vite si je le rappelle.

Parce qu’il ne faut pas croire que les médecins sont des magiciens qui ont des solutions à tout! Même les anesthésistes qui ont des connaissances très entendues doutent parfois et peuvent se tromper. Ce sont des humains comme tout le monde après tout, et ils sont sujet a la fatigue, au surmenage et même aux erreurs!

Combien de temps restent les patients?

Rarement plus de 2 jours sauf pour les colectomies et gastrectomies qui sont des chirurgies lourdes nécessitant un jeûne (donc surveillance des risque de déshydratation et dénutrition) et a risque infectieux +++ sans parler des malaises vagaux et des douleurs!

Vous l’aurez compris, j’aime bien ce service même s’il présente des inconvénients comme partout. Il nous arrive souvent de manquer de personnel et de devoir faire plus que notre simple travail par glissement de tâches, parce que le Dr est indisponible par exemple. Ce qui peut entraîner une certaine pression parfois très désagréable. Il faut aussi savoir travailler vite et faire des liens rapidement car un problème est vite arrivé. De même, beaucoup de patients entrent et sortent dans la même journée puisqu’ils ne restent pas longtemps.

Le tout est de savoir si on est capable de gérer cette pression ou si on préfére un service de soin moins stressant et/ou plus routinier…

A la prochaine!

😙

E.

Infirmiere voyageuse

Infirmière travaillant principalement en chirurgie, j'aime encadrer les étudiants mais malheureusement parfois le temps nous manque. J'ai donc décidé de créer un outil qui concerne chacun d'eux tout en proposant un suivi personnalisé à la demande afin qu'ils abordent et continuent leurs études plus sereinement.

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